Pyromètre. Exemple de la chienne applicable à la chatte

Publié le par Oeuvre Collective

PYOMETRE chez la chienne: plus facile à prévenir qu'à guérir

En fonction des symptômes génitaux, on peut distinguer deux types de pyomètre : le pyomètre fermé et le pyomètre ouvert.
Le pyomètre fermé : aucun écoulement vulvaire n'est observé. Bien souvent, dans ce cas, la distension abdominale est très importante. La palpation de l'utérus est alors difficile, on ne peut mêttre en évidence qu'une masse pâteuse occupant une grande partie de l'abdomen. Les symptômes généraux sont souvent graves.
Le pyomètre ouvert : l'importance des écoulements vulvaires intermittents ou permanents sont fonction de l'ouverture du col de l'utérus. La vulve qui est léchée fréquemment apparaît rouge et augmentée de taille. Son aspect est comparable à une vulve de chienne en chaleurs. Les caractéristiques du pus sont variables. Celui-ci peut être épais ou liquide, de couleur blanche, lie de vin, vert ou jaune. Les symptômes généraux sont souvent moins alarmants. Le pyomêtre est une affection caractérisée par l'accumulation de pus dans l'utérus, dont l'apparition est étroitement liée au cycle sexuel de la chienne. Également appelée métrite post-oestrale, métrite purulente ou encore endométrite chronique, le pyomètre fait partie des maladies majeures de la chienne du fait de sa fréquence et de sa gravité.

Le pyomètre survient généralement trois à six semaines après la fin des chaleurs, au cours d'une période que l'on appelle le métoestrus, et peut survenir à tout âge chez les femelles entières. La fréquence maximale d'apparition est enregistrée entre six et huit ans. Il arrive très souvent que le pyomètre soit la complication de certains traitements hormonaux telle l'administration de progestagènes dans un but contraceptif, pour supprimer les chaleurs ou les retarder, ou d'oestrogènes pour induire l'avortement.
L'animal atteint du pyomètre est abattu et l'appétit est nettement diminué. La chienne présente le plus souvent un syndrome polyuro-polydipsique, c'est-à-dire que l'on observe une augmentation de la miction (ou diurèse) et de la soif. L'abdomen peut être distendu, on parle alors de ventre de batracien, et l'animal répugne à se déplacer. Des vomissements et de la diarrhée peuvent également s'observer. En revanche, l'affection s'accompagne rarement d'hyperthermie.
L 'évolution de la maladie est très variable. Elle peut se faire, dans certains cas, sous forme aiguë et la mort peut survenir en quelques jours. Cette forme se rencontre généralement en début de métoestrus, c'est-à-dire peu de temps après la fin les chaleurs.On assiste à des complications rénales avec installation d'un état d'insuffisance rénale. C'est la complication la plus grave à l'origine bien souvent de la mort de l'animal. Elle est malheureusement fréquente.

DES FACTEURS HORMONAUX PRÉPONDÉRANTS

L'apparition du pyomètre de la chienne est associée à plusieurs facteurs.
Les facteurs favorisant le développement du pyomètre sont essentiellement liés à l'espèce animale concernée, en l'occurrence, la chienne. Il s'agit principalement de la longueur et de la flexuosité de l'appareil génital - qui favorisent l'accumulation de liquides et rendent difficile la vidange du contenu utérin - et des sécrétions glandulaires qui, quand elles sont importantes lors du métoestrus, créent un milieu favorable à l'infection.
Les facteurs déterminants sont de deux ordres : les agents infectieux et les hormones. En ce qui concerne les agents infectieux, l'on constate que dans plus de 70 % des cas, il s'agit d'une entérobactérie, Escherichia coli. De plus, certains sérotypes sont dominants, ce qui semble indiquer qu'ils possèdent un tropisme particulier pour l'utérus. Les staphylocoques et streptocoques sont retrouvés dans moins de 15 % des cas. Mais, pour 10 % des ensemencements, aucun germe ne peut être mis en évidence. Si l'on ajoute à ceci que la reproduction expérimentale de l'infection par injection intra-utérine de culture bactérienne est impossible, on peut penser que le rôle des bactéries n'est que secondaire. Ce détail est important car il explique en partie la faible efficacité du traitement médical. Par contre, l'équilibre hormonal joue un rôle déterminant dans l'apparition du pyomètre.
Les oestrogènes provoquent une hypervascularisation, une croissance de la muqueuse utérine et un relâchement du col utérin. On constate fréquemment l'apparition de pyomètre à la suite d'avortement provoqué par l'administration d'oestrogènes chez une chienne. Différents arguments permettent de penser que c'est plutôt la progestérone qui conditionne l'évolution de cette affection :
- le pyomètre apparaît lors du métoestrus lorsque la progestérone est la plus élevée,
- la progestérone stimule l'activité sécrétoire des glandes de l'endomètre ainsi que leur prolifération,
- on constate que de nombreux cas de pyomètres sont consécutifs à l'administration répétée de progestatifs de synthèse, ceci dans le but de différer ou de supprimer l'oestrus.
En revanche, si l'on peut attribuer les lésions génitales du pyomètre à l'action de la progestérone, la progestéronomie ne semble pas être modifiée chez les chiennes atteintes de pyomètre par rapport aux valeurs observées à la même période du cycle sexuel chez des chiennes normales.
Ainsi, le pyomètre apparaît comme étant une infection utérine survenant à la suite d'une perturbation de l'équilibre hormonal de l'utérus pendant le métoestrus, particulièrement chez les chiennes âgées ou ayant subi des traitements hormonaux.

DES LÉSIONS IMPORTANTES

La première conséquence chez la chienne malade est une atteinte génitale qui se traduit par des lésions utérines. Bien que la progestéronomie ne soit pas plus élevée que chez les chiennes normales, on peut penser que les lésions utérines sont tout de même dues à la progestérone : il y aurait une anomalie dans le métabolisme de cette hormone au niveau de l'organe cible (l'utérus), ce qui provo-querait une accumulation anormale de l'hormone dans l'utérus, ayant pour conséquence les lésions constatées. La lésion initiale est l'hyperplasie glandulokystique. Cette lésion correspond à une augmentation du nombre de glandes de l'endomètre et de leur activité.
Les oestrogènes seuls n'induisent pas de telles lésions mais l'imprégnation oestrogénique de l'organisme amplifie les effets de la progestérone. Quant aux agents infectieux, ils ne font qu'aggraver les symptômes même s'ils ne sont pas la cause déclenchante.
À ces lésions viennent s'ajouter des atteintes extra-génitales. Il s'agit essentiellement de l'évolution d'un état d'insuffisance rénale. Les vomissements et l'état de déshydratation observés lors de l'évolution du pyomètre ne font qu'aggraver les lésions rénales.
Enfin, parmi les nombreuses lésions associées qui peuvent être observées, le développement d'une infection de l'ensemble de la cavité abdominale, appelée péritonite, assombrit rapidement le pronostic.
Pour permettre un diagnostic clinique du pyomètre, le recueil des commémoratifs est une étape très importante. Cette affection s'observe toujours après les chaleurs (lors du metoestrus) chez des chiennes âgées (en général plus de six ans) ayant éventuellement subi certains traitements hormonaux (pilule ou injections contraceptives, avortement). Les symptômes ne sont pas toujours présents simultanément. On peut toutefois retenir les points suivants
- une altération de l'état général,
- un syndrome polyuropolydipsique,
- des écoulements vulvaires,
- une distension abdominale.
La palpation abdominale renseigne souvent sur la taille de l'utérus lorsque celui-ci est suffisamment dilaté.

DES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

La confirmation d'un pyomètre fait appel le plus souvent à l'imagerie médicale. Ceci consiste en la réalisation de radiographie ou d'échographie.
Radiographie abdominale : le cliché de profil permet d'obtenir les renseignements les plus intéressants. Lors de pyomètre, on peut observer sur la radiographie une masse homogène, circonvolutionnée, surtout en partie inférieure de l'abdomen, localisée entre le rectum et la vessie.
Échographie abdominale : la palpation abdominale ainsi que la radiographie étaient jusqu'à ces dernières années les seuls moyens non chirurgicaux d'exploration de la portion antérieure de l'appareil génital de la chienne. L'échographie reflétant facilement la présence de liquide a trouvé sa place parmi les examens complémentaires en gynécologie et obstétrique vétérinaire. L'utérus est un organe dont la cavité est quasi-virtuelle en l'absence de gestation. Dans ce cas, il est techniquement impossible dans les conditions actuelles de le mettre en évidence par un examen échographique. En revanche, lors d'accumulation de liquides physiologiques ou pathologiques, l'utérus sera facilement identifié à l'échographie. En effet, de faibles quantités de liquide peuvent être échographiquement détectées, alors qu'elles passent facilement inaperçues à la radiographie. L'utérus pathologique sera caractérisé par un ensemble de zones noire vaguement circulaires correspondant aux différentes coupes de l'organe et de son contenu.
Les examens de laboratoire permettent également de confirmer le diagnostic, mais surtout leur rôle est essentiellement de préciser le pronostic. La numération et les formules sanguines permettent de confirme l'infection, en mesurant l'augmentation des globules blancs (ou leucocytes). La biochimie sanguine perme d'évaluer les lésions rénales. Deux paramètres sont couramment dosés : la créatinine et l'urée.

L'EFFICACITÉ DES DIVERS TRAITEMENTS

Toute augmentation de la soif après les chaleurs ne signifie pas systématiquement pyomètre. Les symptômes et les examens complémentaires sont essentiels pour déterminer avec certitude l'existence du pyomètre. Ils doivent permettre d'effectuer le diagnostic différentiel avec les autres causes d'augmentation de la soif et de la diurèse (diabète ou anomalie corticosurrénalienne), les différents cas de distension abdominale (présence de liquide dans l'abdomen, obésité, rétention urinaire, tumeur abdominale, gestation) et les affections s'accompagnant d'écoulement de pus à la vulve (affections urinaires, tumeurs vaginales, vaginite). Le pronostic de cette affection est toujours grave et ceci d'autant plus qu'il existe une insuffisance rénale associée. C'est pourquoi il est indispensable de suivre l'évolution de l'urémie et de la créatinémie avant, pendant et après le traitement.
Actuellement, l'intervention chirurgicale est toujours le traitement de choix et il s'agit souvent d'une opération d'urgence. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu'il existe diverses complications, rénales en particulier, qui obligent à effectuer des traitements complémentaires pré, per et postopératoires. Le traitement chirurgical est effectué chez l'animal dont l'état d'hydratation et la diurèse sont rétablis et maintenus pendant l'opération. On doit effectuer une ablation de l'utérus et des ovaires. Une anti-biothérapie postopératoire sera poursuivie après l'intervention. Si les fonctions rénales sont altérées, un traitement spécifique est mis en place.


VISER LA PRÉVENTION

Contrairement aux idées reçues, l'origine du pyomètre chez la chienne n'est pas infectieuse mais essentiellement hormonale, ce qui en fait une particularité de cette espèce. La diversité des manifestations cliniques de cette affection à point de départ génital nécessite parfois la mise en oeuvre d'examens complémentaires, tels que la radiographie ou l'échographie, pour confirmer le diagnostic. De même, la réalisation d'un prélèvement sanguin s' avère généralement nécessaire pour vérifier l'absence de lésions rénales associées et préciser le pronostic. La meilleure prévention de l'apparition de cette affection grave et relativement fréquente chez la chienne est de proscrire l'usage des contraceptifs et de faire réaliser la stérilisation de la femelle avant ses premières chaleurs.

Publié dans Maladies

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article